Parshat Parachath Vaet'hanane en français
Compiled and Edited by Elan Perchik
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Parachat Vaet'hanene Print Version
16 Av 5779 | 17 JAout 2019
Compilé et édité par Elan Perchik
Traduit par Sarah Saghroun
Rabbi Fischel Schachter
Consoler notre Nation
נחמו נחמו עמי...דברו על לב ירושלים
Consolez, consolez Mon peuple…parlez au cœur de Jérusalem (Haftarah, Isaïe 40:1-2)
C’était un vendredi après-midi, quelques semaines avant Yom Kippour, et j’étais occupé à préparer mon discours de Chabbat Chouva. A ma grande déception, mon travail n’avançait pas. Je ne trouvais pas les mots et la page de mon cahier restait blanche. J’écrivais quelque chose puis je barrais, et cela se reproduisait à maintes reprises. Et le téléphone sonna.
« Pourriez-vous, s’il vous plait, venir à Williamsburg ? » J’étais occupé à essayer d’écrire et je savais que ce discours devait absolument être préparé, je répondis poliment que j’étais très occupé. Ce n’était pas vraiment un bon moment pour moi. « Il y a quelques enfants qui voudraient écouter une de vos histoires, » poursuivit l’homme au bout du fil, « et leur maman est malade et en phase terminale. Vous pourriez peut-être leur raconter quelque chose qui leur donnerait du courage. » En entendant cela, mon cœur se serra pour ces enfants et leur maman malade mais je ne changeai pas d’avis. « Je suis vraiment désolé mais je ne peux vraiment pas me libérer juste maintenant. »
Sans aucune hésitation, l’homme dit au téléphone, « Puis-je vous rappeler une histoire que j’ai entendu de Rabbi Schachter ? » Je savais qu’il parlait de moi. « Allez-y. » lui dis-je.
« Vous avez raconté à Ticha BeAv l’histoire d’un homme qui récitait les Kinot et qui fut approché par un aveugle. « Pourriez-vous s’il vous plait me ramener à la maison ? » demanda-t-il poliment. Regardant la personne qui osait le déranger pendant qu’il récitait avec dévotion les Kinot, l’homme répondit, « Non ! Ne savez-vous pas que je suis occupé à pleurer la destruction du Beit Hamikdach ! »
Assis un peu à l’écart, Rav Mottel, descendant de la dynastie ‘hassidique de Tchernobyl, observait la scène. Rav Mottel s’approcha de l’homme qui venait d’offenser l’aveugle et lui dit : « Vous ne devez pas pleurer la destruction du Beit Hamikdash. » Confus, l’homme demanda une explication. « Quiconque qui crie sur quelqu’un d’autre pendant qu’il dit les Kinot, » dit Rav Mottel « doit s’arrêter de réciter les Kinot sur le Beit Hamikdach et commencer à dire les Kinot sur sa propre vie. » L’homme n’avait malheureusement pas compris le message de Ticha BeAv et avait oublié que c’était justement la sinath ‘hinam (la haine gratuite) qui avait engendré la destruction du Beit Hamikdach.
Après avoir entendu cette histoire, il ne me fut plus nécessaire d’en entendre plus. Et c’est ainsi que je me mis en route pour aller à Williamsburg.
Quand je parvins à la maison et passai le pas de la porte, je fus immédiatement accueilli par l’odeur de délicieuses ‘hallot. « Waw ! » dis-je à l’homme qui se trouvait à côté de moi « L’organisation de ‘hessed qui aide cette famille fait du bon travail » Mais je me trompais. « C’est la maman de cette famille qui a préparé les ‘hallot, » dit l’homme « c’est grâce à elle qu’il y a cette bonne odeur de ‘hallot. Elle veut préparer elle-même les repas de chabbat pour sa famille. Elle sait que ses jours sont comptés mais elle ne veut pas abandonner. Chaque semaine il y a deux dames qui viennent lui aider pendant qu’elle prépare les ‘hallot et les repas. On lui a dit que chaque chabbat pourrait être le dernier et qu’elle doit se reposer mais elle répond simplement qu’elle ne veut pas se reposer pour son dernier chabbat. »
Dès que j’entendis ceci, je sus que j’avais affaire à une famille très spéciale.
Je jetai un coup d’œil vers les quatre enfants qui étaient assis autour de leur maman et j’eus de la peine en m’imaginant ce que la vie était devenue pour eux. « Merci beaucoup d’être venu raconter une histoire à mes enfants. » dit la maman « C’est tellement important pour nous. »
Je commençai à raconter aux enfants la meilleure histoire que je connaissais. De temps en temps la maman se mettait à rire, essayant ainsi de faire rire les enfants. Mais la plupart du temps, c’était la maman qui souriait et riait dans l’espoir que les enfants fassent de même.
Quand j’eus terminé de raconter l’histoire, je me dirigeai vers la sortie et la maman me remercia encore une fois pour tous les efforts que j’avais faits pour venir. Elle m’invita même à revenir.
La prochaine fois que je retournai dans cette maison, ce fut pour faire la mitsva de menachem avel et consoler la famille pour la perte de leur maman.
Quelques instants avant de sortir de la maison ce vendredi après-midi, le papa des enfants m’arrêta. « Vous voyez ces escaliers ? » me dit-il. En montrant le haut des marches, il commença à me raconter, « Ma femme descend ces marches chaque jour avec deux dames qui la tiennent. Elle insiste pour voir les enfants monter dans le bus. ‘Aussi longtemps que je vis’, nous dit-elle, ‘je veux les envoyer à l’école’ ».
Ainsi était l’épouse et la mère que cette femme était. Ce fut une vraie eichet ‘hayil, une femme de valeur.
Alors que je m’éloignais de la maison, je compris enfin les paroles de Rav Mottel quand il disait : « Quiconque qui crie sur quelqu’un pendant qu’il récite les Kinot, doit s’arrêter de réciter les Kinot sur le Beit Hamikdach et commencer à dire les Kinot sur sa propre vie. » On ne peut jamais être trop pris par ses propres soucis, au point d’oublier ce que signifie de penser et de s’occuper de quelqu’un d’autre.
En fait je pensais que c’était moi qui donnerais du ‘hizouk (des encouragements) aux enfants ce vendredi après-midi et que c’était moi qui allais leur remonter le moral, mais je pense que la personne qui en a le plus reçu ce jour, c’était bien moi. Regarder la maman de ces enfants et voir son amour absolu et son dévouement pour eux fut pour moi la plus grande source d’inspiration,
Bien que nous ne puissions peut-être pas égaler ou même nous approcher du niveau noble et courageux que cette femme de Williamsburg a atteint, ce que chacun d’entre nous peut faire, c’est de se rapprocher un petit peu plus de ce que chacun peut vraiment devenir. Cela commence par regarder autour de soi et voir le malaise d’un frère juif. Prendre soin de l’autre, c’est ce que j’ai appris de cette mère et c’est la leçon que nous devons emmener avec nous pour les jours qui suivent Ticha BeAv.
Alors que nous nous approchons de Chabbat Na’hamou et que nous réfléchissons à la consolation qu’Hachem a demandé à Ses Prophètes d’apporter aux Juifs qui ont souffert, nous devons réaliser que nous aussi sommes enjoints à faire de même. Nous aussi devons donner du réconfort et exprimer de l’amour pour nos frères juifs dont la vie est remplie de troubles et de soucis. S’il n’y a qu’une leçon que nous devons retenir de Ticha BeAv, c’est la suivante : « Hachem dit : ‘Na’hamou Na’hamou ami’- ‘Consolez, consolez Mon peuple.’ » et nous devons faire écho à ces paroles. C’est comme ça que nous reconstruirons le Beit Hamikdach et la vie de nos frères et sœurs. Avec attention et gentillesse, nous posons ‘pierre’ par ‘pierre’ chaleur, amour et réconfort et nous pourrons ainsi rebâtir et aller de l’avant.
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