Parachat Korach Print Version
ויבא משה ואהרן אל פני אהל מועד Moché et Aharon s'avancèrent jusque devant la Tente d'Assignation (Bamidbar 17, 8) Dans la plupart des supermarchés en Israël, les allées sont étroites et chargées. C'est donc un vrai soulagement de se trouver dans un magasin spacieux. Il est nettement plus agréable de faire ses courses sans avoir besoin de prendre mille précautions pour ne faire tomber personne. J'ai donc été enchantée lorsqu'une amie m'a annoncé un jour : "Il y a un très beau magasin, pas loin de Beth Chemech, avec des allées très larges. C'est tellement spacieux, là-bas, que dans une même allée, il y a de la place pour que deux personnes côte à côte, avec leurs chariots, puissent avancer confortablement." Toute contente, je me suis rendue avec ma fille dans ce magasin. Nous avons pris un chariot et nous avons commencé à le remplir. Mais je n'ai pas tardé à me rendre compte d'un petit détail que mon amie avait omis de préciser. Ce magasin proposait tous les articles possibles et imaginables ; nourriture, vêtements, articles ménagers, et j'en passe. Au milieu de toute cette abondance, je me sentais dépassée. J'avais devant moi une infinité de produits qui ne m'intéressaient pas, alors que je n'avais besoin que de quelques articles. Je me suis tournée vers ma fille et je lui ai dit : "Je ne m'en sors pas très bien. Il y a un trop grand choix. Je pense que nous devrions y aller." Et nous sommes sorties. Alors que nous sortions du magasin, ma fille me dit : "Tu sais maman, c'était une très bonne expérience pour toi." "Ah bon ?" demandai-je. "Oui. Maintenant tu sais ce que ressent ta nechamah chaque fois qu'elle pénètre dans ton corps. Elle n'aspire qu'à accomplir la Volonté de Hachem, apprendre la Torah et pratiquer les mitsvoth. Mais très rapidement, elle se distrait de sa vraie vocation, de sa vraie mission. Elle se retrouve dans un monde qui présente tellement d'attraits dans tous les sens qu'elle ne sait plus où donner la tête et elle se sent rapidement perdue ! Ta néchamah, en descendant dans ce monde qui la met face à tant de challenges, ressent la même gêne que tu as toi ressenti dans ce magasin. Tu sais maintenant comment se sent ta néchamah…" Il serait sage de retenir cette leçon de première importance. Nous vivons à une époque où les distractions nous envahissent de manière incontrôlable et les exigences de la vie présentent de nombreux challenges ; cependant, nous devons toujours nous rappeler que nous avons une mission supérieure. Notre belle néchamah, assoiffée de spiritualité, n'a d'autre désir que d'accomplir la mission dont elle est chargée dans ce monde. Même si les défis auxquels nous faisons face menacent de nous dépasser, nous possédons tous en nous la force intérieure de résister fermement et de mener à bien la vocation à laquelle notre néchamah aspire réellement. |
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Mme Rivka Malka Perlman בזאת תדעון כי ד' שלחני לעשות את כל המעשים האלה... Par ceci vous reconnaitrez que c'est Hachem qui m'a donné mission d'accomplir toutes ces choses… (Bamidbar 16, 28) Près d'un mois et demi avant Pessa'h l'année dernière, nous avons commencé à avoir des problèmes de plomberie à la maison. Un jour, quelques tuyaux ont explosé sous le sol et notre appartement s'est retrouvé inondé. Il se trouve que ce jour-là était un vendredi. A quelques heures à peine de Chabbath, tous les membres de la famille sont devenus frénétiques. Nous n'avions pas d'eau du tout, et nous avions tous besoin de nous doucher et de nous préparer pour Chabbath. Sans compter l'état de ma cuisine après que je me sois brusquement interrompue dans mes préparatifs culinaires… Mais il n'y avait rien à faire ! Nous nous sommes dépêchés de nous rendre au centre communautaire pour nous doucher là-bas, et j'ai rapidement empilé la vaisselle sale dans l'évier aussi proprement que possible. En dépit de la folie qui s'était infiltrée chez nous en cette veille de Chabbath, nous avons passé ensuite un très beau Chabbath dans le calme et la sérénité... Mais nos problèmes de plomberie ne se sont pas arrêtés là. Trois semaines plus tard, notre chauffe-eau s'est cassé. A nouveau, cela s'est produit vendredi après-midi, et notre sous-sol s'est retrouvé trempé sans préavis. Heureusement, mon mari a pu poser quelques briques par terre et il a empilé dessus notre vaisselle de Pessa'h pour ne pas qu'elle s'abîme dans toute cette eau. Cela mis à part, la situation était loin d'être simple. Et donc encore une fois, nous avons accueilli Chabbath sans eau chaude à la maison, et nous avons dû nous débrouiller du mieux que nous pouvions avec les moyens du bord. Plus tard ce Chabbath, j'ai lu une histoire personnelle qu'avait écrite Mme Sara Yokhévèd Rigler. Elle racontait qu'elle avait une fois vu un rat chez elle, mais qu'il lui était difficile de s'en débarrasser. Quoi qu'elle fasse, rien ne fonctionnait. Apparemment, le rat était ravi de s'être trouvé une nouvelle résidence, et il ne comptait pas s'en aller de sitôt. Ne sachant que faire, Mme Rigler se rendit chez Rav 'Haim Pin'has Scheinberg zatsal, et elle lui demanda s'il était plausible de considérer qu'une raison spécifique se cachait derrière la présence de ce rat. Rav Scheinberg répondit : "Ce n'est pas du rat dont il faut s'occuper, c'est de vous-même." Mettant au clair l'idée que tout vient de Hachem, Rav Scheinberg lui proposa de chercher dans le Perek Chirah le chant du rat. Le Perek Chirah est un livre qui énumère les différentes louanges que toutes les créatures du monde, le rat y compris, chantent à Hachem. Le verset du rat est : "Que chaque néchamah (âme) loue Hachem !" (Téhilim 150). Au travers de ce verset, le rat fait part de son appréciation de la vie. Au lieu de se plaindre de sa condition inférieure, il profite au maximum de ce qui est à sa disposition. 'Hazal interprètent ce passouk en remplaçant le mot néchamah (âme) par un mot qui y ressemble, néchimah (souffle) : pour chaque néchimah, nous devons louer Hachem (Yalkout Chim'oni, Téhilim 889). Pour chaque précieux souffle de vie, nous nous devons de manifester une gratitude immense à l'égard du Créateur. Lorsque Sara Yokhévèd Rigler est tombée sur cette interprétation fascinante des mots du rat, elle en a été sincèrement émue. Elle commençait à se rendre compte qu'au-delà du désagrément qu'il lui causait, ce rat était peut-être en train de lui envoyer un message. Elle se mit alors à réfléchir à sa propre vie. Un jour, en rentrant chez elle après avoir accompagné son fils à l'école comme tous les matins, elle commença à discuter avec son mari. Elle lui raconta sa matinée comme elle en avait l'habitude. Elle mentionna notamment que son fils s'était plaint de la chaleur. Au fil de la conversation, elle inséra ses propres plaintes, mais elle s'arrêta net : elle se rappelait du message du rat ! "Pourquoi est-ce que je me plains ? pensa-t-elle. Je devrais plutôt chanter des louanges à Hachem pour m'avoir offert mon merveilleux petit garçon et pour m'avoir gratifiée d'une nouvelle journée de vie !" Elle décida à partir de là qu'elle travaillerait sur elle-même pour toujours voir le positif dans sa vie. Chaque fois qu'on lui demanderait de ses nouvelles, elle ferait de son mieux pour répondre : "Très bien, Baroukh Hachem !" C'était cette histoire que j'avais lu à mes enfants après que notre petit "incident" se soit reproduit une nouvelle fois. Je commençai à réfléchir pour essayer de comprendre dans quel domaine nous devions nous améliorer. La Torah étant comparée à l'eau, peut-être devions-nous conclure qu'il n'y avait assez d'étude de Torah chez nous ? Cette idée semblait logique, mais je n'avais pas l'impression que le problème se situait à ce niveau. Poursuivant ma réflexion, je me rendis compte que je savais exactement quel était notre problème. Les deux fois où nous n'avons pas eu d'eau avaient eu lieu 'erev Chabbath. A ces deux occasions, nous avons accueilli Chabbath de manière précipitée et désagréable. Et je pense que c'était parce que, en tout cas à titre personnel, 'erev Chabbath est un moment toujours mouvementé. Quand je suis sous pression, j'arrive à être capable de faire ce que j'ai à faire, mais toujours dans le stress et la pagaille. Le jeudi suivant cette prise de conscience, j'ai reçu un coup de fil. C'était Metouka Newman, une amie qui avait été au lycée avec moi. Nous étions en contact dix-huit ans plus tôt, lorsque j'habitais en Israël. Mais depuis cette époque, nous nous étions parlées seulement deux fois. Ce jeudi-là, pourtant, tout à fait à l'improviste, elle m'appela. "Rivka Malka, me dit-elle. J'ai une organisation qui s'appelle Chamor, acronyme de "Chabbath moukdam ou'ragou'a - accueillir Chabbath tôt et paisiblement". C'est une organisation que j'ai fondée en Israël. Nous organisons des rassemblements pour femmes et nous parlons de l'importance de faire rentrer Chabbath dans le calme et la tranquillité d'esprit. Nous avons aussi mis en place un système téléphonique qui rappelle à toutes les inscrites que Chabbath arrive bientôt. Par ailleurs, nous donnons des conférences dans lesquelles nous proposons toutes sortes de conseils utiles dans le domaine ménager qui permettent d'envisager les préparatifs de Chabbath de la manière la plus simple et la plus efficace possible. Baroukh Hachem, notre organisation a connu un grand succès en Israël et elle s'est développée considérablement. J'essaye à présent de la diffuser en Amérique. Est-ce que tu aurais par hasard quelques idées sur la manière de procéder ?" Lorsque j'ai entendu ce que Metouka m'a dit, j'ai été prise de court. Cela faisait près de vingt ans que nous ne nous étions pas parlées, et elle a beaucoup d'autres connaissances en Amérique qu'elle aurait pu contacter à ma place. Mais c'est moi qu'elle a appelée. Il y avait à cela une très bonne raison. Hachem savait que j'avais besoin d'entendre ce message, et Il me l'a envoyé directement à moi. "Ta supposition était correcte : tu as besoin de t'améliorer dans le domaine des préparatifs de Chabbath. Voilà un coup de fil depuis Israël tout juste pour toi." Les messages que Hachem nous envoie sont infinis. Certains sont discrets et on ne peut les percevoir qu'avec une oreille attentive, et d'autres sont plus évidents. En tout cas, lorsqu'on entend le téléphone sonner, nous devons être capables de savoir d'où provient l'appel. |
Rav Dovid Kaplan לא חמור אחד מהם נשאתי ולא הרעתי את אחד מהם “Je n'ai jamais pris à un seul d'entre eux son âne, je n'ai jamais fait de mal à un seul d'entre eux ” (Bamidbar 16, 15) Après que Moché Rabbénou ait essayé sans succès de convaincre Kora'h de renoncer à sa révolte, il se rendit auprès de Dathan et Aviram, les deux autres partisans principaux de la révolte, pour plaidoyer dans le même sens. Cette rencontre ne produisit cependant aucun résultat positif. Non seulement ils condamnaient Moché qui, à leurs dires, avait failli à sa mission de dirigeant, mais de plus, ils refusaient insolemment tout effort en vue d'une réconciliation. Moché Rabbénou, se trouvant dans une situation encore plus périlleuse, se tourna vers Hachem. Il Le supplia de ne pas accepter l'encens qu'offriraient Kora'h et ses partisans le lendemain, et il déclara : "Je n'ai jamais pris à un seul d'entre eux son âne ; et je n'ai jamais fait de mal à aucun d'entre eux." Moché Rabbénou espérait par cette déclaration contrebalancer les plaintes de Dathan et Aviram contre lui. Moché Rabbénou insistait ainsi sur le fait qu'il avait toujours eu en tête les meilleurs intérêts du peuple juif, et il soulignait sa grandeur de deux manières : jamais n'avait-il profité des biens d'un autre juif, et jamais n'avait-il maltraité un juif. Il y a tout de même lieu de s'interroger. Si vous aviez été à la place de Moché Rabbénou, quelle caractéristique ou quel évènement historique auriez-vous mis en avant ? Le fait qu'il ait dirigé le people juif lors de la sortie d'Egypte, puis joué un rôle non négligeable dans l'Ouverture de la Mer, avant d'être l'intermédiaire entre D. et le peuple d'Israël lors du don de la Torah ? Ou bien, comme Moché a choisi de dire, le fait qu'il n'utilisait que ses propres biens et qu'il dirigeait le peuple avec gentillesse et considération ? On aurait pu penser que les éléments de la première réponse sont plus impressionnants ! Dans ce cas, pourquoi Moché Rabbénou a-t-il omis de les mentionner, lorsqu'il a voulu décrire la solidité de son leadership ? Une question similaire pourrait être posée au sujet d'un dialogue étrange qu'on trouve dans la guémara ('Avodah Zarah 18a). Ayant appris que R' Yossi ben Kisma était tombé malade, R' 'Hanina ben Teradyon lui rendit visite. R' Yossi nota l'ampleur des efforts de R' 'Hanina qui se démenait pour enseigner la Torah publiquement tout en étant conscient des risques encourus s'il se faisait prendre par les romains. R' 'Hanina demanda ensuite à R' Yossi : "Rabbi, est-ce que j'ai une part dans le Monde à Venir ?" "As-tu une fois accompli un acte méritoire qui t'en rende digne ?" demanda R' Yossi. "Une fois, répondit R' 'Hanina, quand l'argent que j'avais mis de côté pour le repas de Pourim s'est mélangé avec l'argent que j'avais réservé à la charité, j'ai donné toute la somme aux pauvres." "S'il en est ainsi, dit Rabbi Yossi, que ma part soit comme la tienne et que mon lot soit comme le tien" (i.e. une grande récompense t'attend dans le Monde à Venir). Pourquoi, demande Rav Dessler (Mikhtav Mé'Eliyahou, vol. 3, p. 107), Rabbi 'Hanina a-t-il considéré que le plus grand acte qu'il ait jamais accompli soit cette tsédaka accomplie selon les critères les plus stricts ? Il est vrai que cet acte témoigne de son intégrité parfaite dans l'accomplissement de cette mitsvah, et qu'il ressort clairement qu'il n'avait pas l'intention de se dérober, même au moyen de raisons logiques et rationnelles. Cependant, n'y a-t-il pas lieu de considérer que son enseignement de la Torah au péril de sa vie était un acte de plus grande envergure ? Imaginez le scénario suivant. Vous abordez un individu et vous lui demandez s'il est bon citoyen ou pas. "Eh bien, répond-il, je pense que oui, parce que je ne traverse jamais la rue quand le feu est rouge." "Autre chose ?" "Je suis membre d'une équipe de premiers secours, et je sauve des vies humaines." Lequel des deux aspects de cet individu choisiriez-vous pour déterminer s'il est bon citoyen ou pas ? Le second. Il semble pourtant que Moché Rabbénou et R' 'Hanina réfléchissaient à l'inverse, puisqu'ils ont apparemment privilégié les actes de petite envergure qu'ils avaient accomplis. Pourquoi ? Dans ce cadre, Rav Dessler énonce un principe fondamental dans le judaïsme, qui s'étend à la vie en général. On mesure une personne, explique-t-il, aux petites actions qu'il performe de manière consistante. Ce ne sont pas les actes grandioses accomplis une fois de temps en temps qui définissent l'essence d'une personne. Ces actes sont certes méritoires et significatifs, mais ils ne peuvent prétendre construire la personnalité d'un individu comme le font les petits actes constants. Un don de mille dollars à une association est un acte louable, mais ne peut prétendre développer la générosité du donateur comme l'auraient fait mille dons d’un dollar à mille personnes différentes. A l'inverse de ce qu'on aurait peut-être pu penser, la vraie identité d'une personne se reconnait aux petites actions de tous les jours. C'est ce que Moché Rabbénou et R' 'Hanina avaient compris et mis en avant. Moché Rabbénou avait de fait atteint des hauteurs spirituelles inégalées et c'était par son intermédiaire que des miracles grandioses avaient été performés. Mais il restait focalisé sur les actions plus simples – il n'avait jamais utilisé l'âne de quelqu'un d'autre, il n'avait jamais blessé autrui – parce que ce sont justement ces gestes, qu'on aurait pu considérer banals, qui construisent la personnalité d'un individu et qui permettent de le complimenter. Il en était de même pour R' 'Hanina. Le jour où il renonça à l'argent qu'il avait mis de côté pour son repas de Pourim au bénéfice des pauvres était apparemment sans importance particulière en comparaison avec le dévouement extraordinaire dont il faisait preuve dans la diffusion de la Torah. C'est pourtant cet acte qui définissait sa personnalité réelle. On aurait pu penser qu'il s'agissait-là d'un incident quelconque, mais en réalité, il n'en est rien : ce simple acte, accompli en connaissance de cause, témoigne de son honnêteté et de sa considération vis-à-vis d'autrui. Ceci est porteur de conséquences d'une grande portée. Ce sont le "bonjour" quotidien qu'on adresse au vieil homme à la choule, les courses que l'on porte à ses parents, l'attention vis-à-vis du conjoint lorsqu'on se lève pour s'occuper du bébé en train de pleurer pour que l'autre puisse dormir, et le fait de laver la vaisselle post-Chabbath qui nous construiront en tant que juifs et détermineront la personne que nous deviendrons. Ces petits actes en disent long sur notre personnalité et c'est au travers d'eux que nous devenons des personnes réellement dignes d'éloges. Mon grand-oncle, Rav Mendel Kaplan a une fois fait remarquer : "N'essaye pas d'être un tsaddik (un juste) ; essaye d'être un mentsch (une personne respectable et avec un caractère raffiné)." Les actes sensationnels à en couper le souffle sont importants et significatifs, mais ils ne doivent jamais nous faire oublier les petites actions, qui construisent notre personnalité, notre vie, et la vie d'autrui de manière subtile, et pourtant tellement profonde. |
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