Parshat Parchat Tazria en francais
Compiled and Edited by Elan Perchik
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Parachat Tazria Print Version
1 Nissan 5779 | 6 Avril 2019
Compilé et édité par Elan Perchik
Traduit par Sarah Saghroun
Mme Devorah Stieglitz
La marche de Chabbath
והיה בעור בשרו לנגע צרעת
Cela deviendra une tsara'at - plaie sur la peau de son corps (Vayikra 13, 2)
Personne n'avait jamais dit à Maya, née en Russie et élevée par ses parents communistes, qu'elle était juive. Son père et sa mère l'emmenaient à l'église, et elle grandit de manière bien éloignée du judaïsme. Mais lorsqu'elle eut treize ans, au moment de la chute du Rideau de Fer, ses parents décidèrent de déménager en Amérique. Ils s'installèrent à Flatbush, une communauté fortement peuplée de juifs orthodoxes, et les parents cherchèrent à recevoir un soutien financier quelconque. La vie était dure, et la famille recherchait une aide communautaire.
Renseignements pris, les parents s'entendirent dire qu'ils pourraient recevoir un soutien financier, mais à une condition : ils devraient scolariser leur fille dans une école juive. Comme il commençait à devenir urgent pour eux de s'établir et que cette aide leur permettrait de s'installer, ils acceptèrent d'inscrire Maya au Beth Ya'akov de Flatbush.
Maya se sentit immédiatement attirée par ce judaïsme qu'elle était en train de découvrir. Ce qu'elle apprenait était extrêmement inspirant, et elle se sentait poussée à en apprendre davantage, et à pratiquer davantage. Maya progressa donc de manière significative dans sa connaissance de la Torah et dans son observance des mitsvoth. Ses amies lui fournirent des habits répondant aux critères de modestie, et rapidement, elle prit l'apparence d'une jeune fille religieuse. Satisfaite de sa progression spirituelle, Maya était contente de sa situation. Mais pas ses parents.
Elle avait maintenant quatorze ans, et elle progressait sincèrement dans son apprentissage du judaïsme, mais ses parents ne pouvaient plus gérer cette situation. Ils firent pression sur elle pour qu'elle ne s'enfonce pas trop profondément dans le judaïsme, et la mirent face à un ultimatum : elle devait choisir entre modérer son judaïsme, ou quitter la maison. Les disputes quotidiennes et les crises de colère causaient de l'amertume à ses parents, et à ce stade, Maya ne mangeait plus chez elle. Comme la nourriture n'était pas assez kacher selon les critères religieux de Maya et qu'une forte tension régnait à la maison, elle fut priée de quitter la maison pour de bon. Et elle le fit.
Un Chabbath après-midi, Maya se trouvait chez une amie. Elle décida de faire un acte de 'hessed et de rendre visite à une dame âgée. Elle se mit gaiement en route, mais alors qu'elle marchait dans une rue de Flatbush, un conducteur à proximité perdit le contrôle de sa voiture et heurta un poteau. La force de l'impact fit que le poteau s'écrasa. Mais il ne tomba pas simplement sur le sol ; il entraina Maya dans sa chute et s'abattit sur son bras.
Maya était immobilisée sous cet énorme poteau, et ses souffrances étaient intolérables. Les premiers secours furent dépêchés sur les lieux et ils commencèrent à s'occuper de Maya. Ils firent de leur mieux pour soulever le poteau de son bras et sauver le bras, mais c'était trop tard. Le poteau s'était déjà lourdement abattu sur le bras et l'avait écrasé. Il fut donc finalement décidé de l'amputer. Sinon, conclurent les membres de l'équipe de secours, sa vie serait en danger.
A son réveil à l'hôpital quelques heures plus tard, Maya était évidemment groggy. Elle ressentait le bras qui avait été en réalité amputé, et elle avait l'impression de pouvoir le bouger, alors qu'en fait, il n'en était rien.
Elle commençait à se réveiller, et elle était allongée, immobile sur son lit. Son père, à ses côtés, se mit à hurler : « Voilà le D. en lequel tu crois. Tu te disputes avec nous, tu quittes la maison, tu respectes le Chabbath, et c'est ce qu'Il te fait ? Comment comprends-tu cela ? Pourquoi D. te fait-Il cela ? »
En entendant de tels hurlements quelques minutes à peine après qu'elle ait ouvert ses yeux, Maya était choquée, mais elle resta posée. Elle répondit à son père : « Papa, si je comprenais tout ce qu'Hachem me faisait dans la vie, je serais Lui. Mais la réalité veut que je ne comprenne pas toujours ce qu'Il fait, et cela ne fait que me montrer à quel point Il est parfait. » La réponse tellement puissante et honnête de Maya, qui n'avait pas plus de quatorze ans, montrait qu'elle comprenait que d'une manière ou d'une autre, cet épisode de sa vie lui était envoyé pour son bien. C'était la volonté de D., et elle l'accepterait.
Des années plus tard, Maya cherchait à se marier. Elle sortait avec un garçon après l'autre. Son bras en plastique n'était pas un atout en sa faveur. Malgré sa gentillesse et sa personnalité dynamique, il s'avérait que la recherche du jeune homme qui lui était destiné semblait plus longue que prévu. Elle prit finalement une décision qui lui changea la vie. Elle contacta un des membres de l'équipe de secours qui avait sauvé sa vie des années auparavant, et elle commença à vivre chez lui ; elle était comme sa fille, et comme la sœur de ses filles. Lentement mais sûrement, Maya ressentit qu'elle était chez elle et qu'elle était soutenue. Il ne lui manquait plus qu’à attendre de construire son propre foyer.
Le jour fatidique arriva enfin. Cet homme qui lui avait autrefois sauvé la vie était une fois de sortie, et on lui présenta un jeune homme remarquable. Il discuta avec lui un bon moment, et se mit à penser qu'il s'agissait peut-être du jeune homme destiné à Maya. Et de fait, les jeunes gens se rencontrèrent, et après qu'ils aient appris à se connaitre l'un l'autre, ils décidèrent de se marier.
Aujourd'hui, Maya vit une vie remplie de bonheur avec son mari et sa famille en Israël. N'aurait-été ce Chabbath après-midi, lorsqu'était survenu son accident bouleversant, sa situation aurait été bien différente. Mais là, après des années de développement spirituel qui était allé de pair avec des épreuves et des difficultés, Maya est à présent une femme religieuse et fière de l'être qui élève de merveilleux enfants juifs.
S'il est vrai que Maya aurait pu tout lâcher et céder aux pressions dans son ascension dans le judaïsme, elle resta ferme dans son dévouement. Malgré le revers violent qu'elle traversa, elle fit un bond en avant en ayant confiance que Hachem s'occuperait d'elle lors de chaque étape. Et c'est ce qu'Il fit. On peut apprendre cette même leçon de la tsara'ath. On devrait considérer ces expériences de la vie qui semblent être des "afflictions" comme des opportunités qui nous permettent de grandir. Pour Maya, ce regrettable Chabbath après-midi devint le début d'un long voyage qui paye aujourd'hui des dividendes incroyables pour elle et sa merveilleuse famille.
Rav Avi Matmon
Les célébrations des mariages
חתן נותנין לו כל שבעת ימי המשתה
Le Kohen n'examine, ni ne déclare comme porteur de tsa'ra'ath un marié dans les sept jours du mariage (Moed Katan 7b)
Dans la parachath Tazri'a, on apprend la manière dont une personne soupçonnée d'être affligée de la maladie spirituelle de tsra'ath devait quitter le camp juif, rester en quarantaine pendant une semaine avant d'être alors examiné de manière plus approfondie par le Kohen. Dans le cas où il serait effectivement atteint de tsara'ath, il devrait rester isolé jusqu'à la disparition de la maladie, auquel stade il passerait par un processus de purification, détaillé dans la parachah suivante.
Il existe toutefois une exception à cette règle : un marié dans les sept jours suivant son mariage. La déclaration de la tsara'ath était généralement prononcée par un Kohen. Cependant, s'il s'agissait d'un 'hathan, le Kohen ne lui rendrait tout simplement pas visite. Dans ce cas, la condition du 'hathan resterait en sursis jusqu'à la fin des sept jours de festivités (cheva' brakhoth), et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il serait examiné.
Il semble étonnant qu'un 'hathan soit traité de cette manière. Puisque l'affliction de la tsara'ath témoigne d'un comportement négatif qui pourrait constituer un obstacle dans ses futures relations, pourquoi laisse-t-on le nouveau jeune couple poursuivre leurs célébrations et leur vie conjugale avant de traiter ce problème ? Pourquoi le 'hathan n'est-il pas mis en quarantaine jusqu'à ce qu'il fasse techouvah et corrige ses défauts ? Qu'est-ce-que les chéva' brakhoth ont de tellement spécial qui puisse stopper le processus classique d'investigation d'un metsora' potentiel ?
Le concept de mariage, désigné nissou'in, possède plusieurs facettes. D'un côté, le mot "nissou'in" dérive du mot "nassa", qui signifie porter. L'essence du mariage, c'est de "porter" une responsabilité vis-à-vis de son conjoint et de sa famille. Il faut être affecté des poids et inquiétudes de sa famille et de s'assurer de son bien-être et de sa stabilité. De plus, "nissou'in" est à rapprocher du mot "mass'ét", cadeau. Mis à part le fait qu'il s'agisse d'une responsabilité considérable, le mariage est à n'en pas douter le plus grand des cadeaux. C'est un cadeau que le mari donne à la femme, que la femme donne au mari, et que Hachem leur donne à tous les deux.
De plus, l'expérience du mariage conduit à une transformation vers le haut. C'est quelque chose qui "nassa'o", qui élève et rehausse le cœur des personnes impliquées à des niveaux qui auraient été inaccessibles autrement. Enfin, le mariage confère au mari et à la femme un statut pur et immaculé, similaire à celui des Nessiim (princes), et les envoie pour toujours vers des sommets exaltants que seule l'institution du mariage peut proposer.
C'est pour cette raison qu'on danse autour du 'hathan et de la kallah, en marque de reconnaissance de cette nouvelle étape décisive qu'ils franchissent. On leur transmet de cette manière le message suivant : « Nous sommes derrière vous, et nous serons toujours là pour vous soutenir lors de chaque étape. » Le constat d'un tel étalage d'amour et de chaleur de la part de tant de leurs amis et membres de leur famille stimule l'assurance du 'hathan et de la kallah et rehausse immensément leur joie.
On manifeste souvent un comportement anti-social lorsqu'on est mécontent de soi-même. Lorsqu'on se sent déprécié de la société, on peut se laisser tomber dans la dépression et battre en retraite en s'isolant. Parfois de tels sentiments de séparation d'avec le monde peuvent pousser à juger négativement autrui. C'est pour cette raison qu'à ces tous premiers stages du mariage, on s'abstient d'isoler le 'hathan soupçonné d'être atteint de tsara'at, et de le tenir à l'écart des festivités. On lui permet au contraire de continuer à faire la fête avec ses amis et sa famille. L'attention spéciale qu'il reçoit pendant ses cheva' brakhoth est à même de lui remonter le moral, et le soutient à titre thérapeutique dans le sentiment de découragement qu'il peut ressentir. On espère ainsi que la présence d'autres personnes qui l'acclament et lui prodiguent des encouragements transformera son comportement et modifiera sa personnalité. En lui donnant un sentiment d'importance et en lui insufflant de la confiance en soi, il se sentira prêt à améliorer n'importe lequel de ses défauts et à se racheter.
A partir du moment où le 'hathan et la kallah sortent de la 'houpah dans la joie, et tout au long des seps jours suivants des cheva' brakhoth, on exprime à leur égard notre sympathie au travers d'actions aussi bien que verbalement. Ils peuvent ainsi se sentir estimés et appréciés, et se focaliser sur la vie merveilleuse qui les attend, avec ses responsabilités et ses satisfactions. Expérimenter ce bonheur place indéniablement le 'hathan dans une meilleure position pour faire techouvah.
'Hazal ont donc compris que le meilleur antidote pour soulager le 'hathan de son malaise est d'être entouré plutôt qu'isolé. Voilà jusqu'où peuvent aller les transformations qu'entrainent le soutien social, et l'impact considérable que peuvent avoir des chants et danses exaltants sur autrui.
Mme 'Haya Newman
L'homme de la Renaissance
On compte dans ma famille ainsi que dans la famille de mon mari des personnes très talentueuses. Mon demi-frère est avocat, pilote et membre de la NFL (ligue nationale de football américain). Lors des matchs de football, il est habitué à parcourir le terrain de football dans tous les sens en jetant des drapeaux et en utilisant son sifflet à chaque fois que c'est nécessaire.
La date du mariage de ma fille se rapprochant, je dis à mon frère que j'aimerais bien qu'après la 'houpah, il mette sa tenue de football et danse devant mon futur gendre. Il est en effet d'usage lors des mariages juifs de réjouir le 'hathan et la kallah par toutes sortes de performances divertissantes et sympathiques. Mon frère entendit et accepta. Mais ce n'était pas la seule faveur que j'eus besoin de lui demander.
Le jour du mariage, le Roch Yechivah du 'hathan, qui devait être le messader kiddouchim (qui célèbre le mariage), devait arriver d'Israël. Comme la famille était occupée par les préparatifs du mariage, personne n'était disponible pour aller le chercher à l'aéroport. Alors j'appelai mon frère.
Je lui demandai d’accueillir le Roch Yechiva à l’aéroport et il accepta, et je commençai à m'imaginer la scène de l'avocat / pilote / membre de la NFL qui faisait le chauffeur pour un Roch Yechiva renommé. De quoi allaient-ils parler pendant tout le trajet ? Ils venaient de deux milieux complètement différents, et avaient peu voire rien en commun. Le trajet en voiture serait meublé par un silence total, et semblerait interminable. Mettant cette pensée de côté pour le moment, je lui donnai l'instruction de chercher un homme en barbe, chapeau noir, pantalon noir et chemise blanche. Baroukh Hachem, il réussit à repérer le Roch Yechiva.
Plus tard, alors que l'heure prévue pour le mariage se rapprochait, mon frère arriva à la salle du mariage. Il me dit : « Le Roch Yechiva est quelqu'un de très bien. Nous avons eu une discussion très intéressante ! » En entendant ces mots, je poussai un soupir de soulagement et souris. J'étais ravie que tout se soit bien passé. Peu de temps ensuite, le Roch Yechiva lui-même entra dans la salle. Il s'avança vers moi, et me demanda : « Etes-vous Mme Newman ? » Sans trop savoir si répondre par l'affirmative serait à mon avantage ou à mon détriment, je répondis d'un ton hésitant : « Oui, c'est moi. » « Oh, Mme Newman ! Votre frère est un "homme de la Renaissance" – pilote, membre de la NFL et avocat ! Quelle personne accomplie ! » Comme il continuait à chanter les louanges de mon frère, je compris que le trajet s'était bien passé.
Juste après la 'houpah, les danses étaient sur le point de commencer. Le 'hathan et ses amis commencèrent à danser et à se réjouir quand mon frère fit son apparition. Il était en tenue de combat en bonne et due forme. Les amis de mon gendre furent pris de court devant ce spectacle, et se mirent d'accord sur le fait qu'il s'agissait là d'un des meilleurs déguisements possibles pour réjouir les mariés. Or, je le savais, mon frère ne s'était pas déguisé ; c'était ce qu'il était.
Mon frère entra dans le cercle des hommes qui étaient en train de danser et il se rapprocha rapidement du Roch Yechivah pour danser avec lui. Mais quelque chose arriva. Il arrive souvent que le 'hathan et la kallah boivent un peu d'eau pour se remettre et de reprendre leur souffle. Mais cette fois, sans que personne ne l'ait réalisé, un peu d'eau était tombé par terre.
Le Roch Yechiva et mon frère dansaient ensemble et brusquement, le Roch Yechiva glissa et tomba par terre. Personne ne savait comment réagir. Le Roch Yechiva, bien qu'allongé à même le sol, semblait être en bonne condition. Mais mon frère, en bon membre de la NFL, agita un drapeau et donna un coup de sifflet, comme il l'aurait fait pour un joueur tombé par terre. Il se comportait presque comme s'il s'agissait d'un match de football avec un joueur à terre.
Ensuite, le Roch Yechiva se releva. Il s'empara lui-même du drapeau et le fit tourner en dansant avec mon frère. C'était un spectacle magnifique.
Depuis, chaque fois que le Roch Yechiva se rend en Amérique, il fait un détour pour sortir déjeuner avec mon frère. Je ne me serais jamais attendue à ce qu'un Roch Yechiva de renommée et mon frère deviennent tellement proches, mais la fraternité juive intrinsèque en eux leur permit de s'unir.
Il est certes vrai que ce Roch Yechiva et cet avocat/pilote/membre d'une équipe de football, provenant de deux milieux très différents, avaient l'air apparemment très différents l'un de l'autre, mais en réalité, ils sont semblables. Leur façon de s'habiller peut indiquer des différences entre eux, mais leurs nechamoth et les sentiments affectueux qu'ils ont l'un pour l'autre témoignent de leur qualité de frères. Cela reste vrai pour le Klal Israël à plus grande échelle. Peu importe notre apparence extérieure, nous partageons tous le même Père dans le Ciel, et nous avons tous de magnifiques nechamoth en nous. Nous ne devrions jamais tirer de conclusions hâtives l'un sur l'autre, calomnier ou parler du mal d'autrui, ou considérer nos différences comme une raison valable pour se disputer. Au lieu de cela, en nous rapprochant d'autrui comme d'un frère ou d'une sœur, nous aurons plus d'une raison pour nous tenir la main et danser ensemble jusque tard dans la nuit.
Un petit message de
Dr. David Pelcovitz
Le numéro de Juillet 2014 de "Science Magazine" montre les résultats d'une série de onze études faites sur des personnes de tout âge. On les faisait asseoir dans une salle, seuls et sans portables, sans aucune autre compagnie que leur propre personne. Beaucoup commencèrent à se sentir troublés. On leur avait mentionné au préalable la présence dans un coin de la salle d'une machine qui dispensait des électrochocs un peu douloureux. 62% des hommes et 25% des femmes l'utilisèrent. Les résultats de cette recherche nous permettent de conclure à une observation pertinente pour notre époque. Les gens préfèrent faire plutôt qu'être. Et s'ils n'ont rien d'autre à faire que s'électrocuter, ils préféreront faire cela plutôt que se détendre calmement et penser tout simplement à la vie.
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