Parshat Parchat Ki Tisa en francais
Compiled and Edited by Elan Perchik
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Parachat Ki Tisa Print Version
18 Adar 5779 | 23 Février 2019
Compilé et édité par Elan Perchik
Traduit par Sarah Saghroun
Rav Mordekhai Bekher
Retour au bercail
נצר חסד לאלפים
Il conserve Sa faveur jusqu'à la millième génération… (Chémot 34, 7)
Après avoir achevé ses études à l'université, un étudiant de San Francisco décida d'entreprendre le tour du monde. Sa première étape était à Williamsbourg, New York. Assis dans le métro, il aperçut pour la première fois de sa vie un juif à l'apparence 'hassidique. Ne sachant pas à quelle station il devait descendre, il se tourna vers ce juif et lui demanda son chemin.
Le 'hassid lui indiqua le chemin, et ce faisant, il se présenta et s'enquit du nom du jeune homme, puis il remarqua : « Vous êtes probablement juif ? » Le jeune homme le coupa : « Non, non, c'est un nom russe. Mes parents sont originaires de Russie. Beaucoup de noms russes semblent juifs, et beaucoup de noms juifs semblent russes, mais je ne suis pas juif. » Le 'hassid répondit : « Je ne pense pas. Je connais ce nom, et c'est un nom juif. » Le jeune homme s'obstinait : « Je vous assure que je ne suis pas juif. » Le 'hassid, sûr de ce qu'il avançait, tenta sa chance une dernière fois : « Vous pouvez me faire confiance, je sais que vous êtes juif. Mes parents étaient originaires d'une petite ville où tous les habitants étaient juifs. Votre nom de famille vient de cette ville. » Il précisa le nom de la ville, et le garçon se rendit compte que c'était vrai. Effectivement, ses parents également étaient originaires de cette ville.
« Voici ma carte de visite, dit le 'hassid. Si jamais vous vous rendez en Israël, allez dans un de ces endroits. » Il nota également sur la carte les noms de deux yéchivoth – Ohr Saméa'h et Aish HaTorah. Le jeune homme prit la carte, la mit dans la poche de son manteau d'hiver, et oublia tout de cette rencontre.
Quelques temps plus tard, le jeune homme décida d'entreprendre un voyage touristique en Israël. Il visita le pays, et se rendit finalement au kotel. Comme il faisait froid, il portait son manteau d'hiver. Il admirait la beauté du kotel, quand il sentit une tape sur l'épaule. C'était le Rav Meir Schuster, un homme célèbre pour son dévouement dans le rapprochement des juifs à la Torah. « Etes-vous juif ? » lui demanda Rav Meir Schuster. « En voilà, une question intéressante ! » répondit le jeune homme. Rav Schuster poursuivit : « Seriez-vous intéressé à en savoir plus sur le judaïsme ? » Mettant ses mains dans ses poches, le jeune homme commença à répondre : « Je ne sais pas si je suis intéressé ». Au contact de ses doigts, il sentit un morceau de papier, le sortit et l'ouvrit. En lisant les mots qui y étaient inscrits, il se tourna vers Rav Schuster : « - Avez-vous déjà entendu parler de Ohr Saméa'h et Aish HaTorah ?
- Si j'ai déjà entendu parler de ces endroits ?! Bien sûr que oui ! »
Et sans plus attendre, il l'emmena à Ohr Saméa'h.
Le jeune homme assista à des cours donnés dans cette yéchivah, et en fut captivé. Il prit son temps pour réfléchir sérieusement à ce qui lui arrivait, et il décida de prolonger son séjour pour en apprendre plus sur le judaïsme. Il téléphona alors à ses parents pour les informer de là où il se trouvait, et leur dire qu'il resterait un peu plus longtemps que prévu.
Son père décrocha. « - Tu veux rester en Israël ? Où es-tu ? Dans un kibboutz ?
- En fait, répondit le jeune homme, je me trouve dans une yéchiva »
Et il entendit un gros boum de l'autre côté de la ligne : son père venait de lâcher le combiné. Sa mère prit l'appareil et lui dit : « Rappelle plus tard, ton père n'a pas l'air de se sentir très bien. »
Il rappela une heure plus tard, et ce fut à nouveau son père qui décrocha. « Je ne sais pas d'où tu as appris que tu étais juif et qui te l'a dit, mais il n'est pas trop tard pour que tu l'oublies. Personne n'a besoin de savoir. Je sais ce que cela veut dire, être juif. Lorsque j'étais enfant, j'ai vécu la seconde guerre mondiale, et c'était affreux. Ton grand-père également est passé par des pogroms. Je suis en train de te rendre un service. Je ne sais pas à quoi tu peux bien penser, mais à mon avis, tu devrais rentrer tout de suite à la maison, et ne plus jamais penser au judaïsme. »
Le jeune homme prit une profonde inspiration et répondit : « Ecoute, j'ai le sentiment que je dois poursuivre. Il y a quelque chose qui m'attire dans le judaïsme, et auquel je me sens lié. Je veux juste en savoir un peu plus. » Le père répondit : « Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux. » Et le jeune homme décida qu'il resterait à la yéchivah.
Deux mois plus tard, il reçut un paquet par la poste de la part de ses parents. C'était un livre en hébreu, sur lequel était apposé un post-it disant : "C'est la dernière relique du judaïsme que nous avons à la maison. Tu peux le garder et bon débarras." Le jeune homme ouvrit le livre, mais n'en comprit pas un mot. Cependant, comme il désirait ardemment savoir de quel genre de relique il s'agissait, il s'approcha de l'un de ses rabbanim et lui demanda s'il pouvait lui expliquer de quoi il s'agissait.
Le rav ouvrit le livre et fut stupéfait. Le nom de l’auteur imprimé sur la page de garde n’était autre que le nom de famille du jeune homme. Il le lui lut et il s'avéra rapidement que ce livre avait été écrit par l’arrière-grand-père du jeune homme.
Le rav continua d'inspecter le livre et l'ouvrit à la page d'introduction. Il commença à lire les mots que l'arrière-grand-père du jeune homme avait écrit : "Je ne suis pas un grand érudit, et ce n'est pas ni pour ma gloire personnelle ni pour gagner de l'argent que j'écris ce livre. Je l'écris parce que je constate que le vent est en train de tourner en Russie. Je ne sais pas si mes enfants seront religieux, et si mes petits-enfants s'identifieront en tant que juifs. Je ne sais pas si mes arrière-petits-enfants seront un jour au courant de leur judaïcité. Mais j'écris cela pour que si jamais un jour, l'un d'eux reviendra au bercail, il pourra savoir d'où il vient".
L'arrière-grand-père du jeune homme aurait certainement été heureux de savoir que son arrière-petit-fils est très au courant de son héritage, et qu'il est devenu un juif observant.
Il nous arrive souvent de rencontrer un de nos frères ou sœurs juifs qui errent et qui recherchent le chemin de retour au Judaïsme. Ils peuvent avoir perdu tout intérêt à la religion parce que ne trouvant pas satisfaction dans le judaïsme dans lequel ils ont été élevés, ou ils n’ont peut-être simplement jamais été exposé à une éducation de Torah. Pour les aider à revenir vers leur Père qui est au Ciel, nous devons les entourer et leur montrer la beauté d'une vie de Torah. Et parfois, à notre grande surprise, nous parviendrons à reconnecter à son héritage quelqu’un en était bien plus proche que nous pensions.
Rabbanith Miriam Krohn
Envisager un plan B
ויאמר ד' אל משה פסל לך שני לחת אבנים כראשנים...אשר שברת
Hachem dit à Moché : “ Taille toi-même deux tables de pierre semblables aux premières… que tu as brisées (Chémot 34, 1)
Nous savons tous à quoi ressemblerait la vie dont nous rêvons. Nous aimerions avoir une belle maison, une bonne voiture, une bonne parnassah, une famille stable et du na'hath de nos enfants. Notre seul souhait est que Hachem déverse sur nous en abondance Ses bénédictions et beaucoup de bonheur. Mais dans la réalité, tout ne va pas toujours comme on veut. Chaque jour apporte ses hauts et ses bas, ses épreuves et ses déceptions.
Certaines épreuves sont petites et faciles à gérer mais d'autres sont grosses et difficiles à surmonter. En fait comment réagir face à toutes ces obstacles ?
Mon fils et ma belle-fille avaient vécu neuf ans en Israël lorsqu'ils décidèrent de retourner en Amérique. Ma belle-fille étant artiste et elle pensait déjà avec nostalgie à la beauté d'Erets Israël qu'ils allaient bientôt quitter. Dans un élan d'inspiration, elle prit une toile, et se mit à peindre un tableau magnifique de Yérouchalayim. Elle avait presque terminé lorsque quelques gouttes de peinture tombèrent accidentellement sur le coin en bas à droite de la toile. Elle essaya d'enlever la tâche, mais ne réussit qu'à empirer.
Lorsqu'elle constata que cette tâche était décidément tenace, ma belle-fille pensa : « Cela devait arriver. La tâche est là, et elle reflète mes sentiments sincères pour Erets Israël ». Après tout, ce n'était pas une petite tâche qui allait réduire son chef-d'œuvre à néant.
Elle emmena sa toile dans un atelier pour la faire encadrer. Lorsqu'elle revint pour la récupérer, elle jeta automatiquement un regard au coin en bas à droite, là où se trouvait la tâche. Surprise, elle découvrit qu'à la place de la tâche se trouvait un autocollant. Essayant de comprendre comme cet autocollant avait pu se retrouver là, elle s'adressa au propriétaire du magasin : « Savez-vous ce que cet autocollant fait ici ? demanda-t-elle.
- Oui, répondit l'homme. Il y avait une tache, et je l'ai masquée avec cet autocollant.
- Je suis désolé, a dit ma belle-fille, mais j'aimerais que vous ouvriez le cadre. Je ne veux pas d'autocollant sur mon tableau. Je savais qu'il y avait une tâche et je vous avais confié la peinture en connaissance de cause. »
Le propriétaire dévissa le cadre et retira l'autocollant, et ma belle-fille fut stupéfaite. Sous l'autocollant, il y avait un trou. « - Qu'est-ce que c'est ?
- Eh bien quand j'ai vu la tâche, j'ai essayé de la faire partir avec de l'acétone. Mais au lieu de la réparer, j'ai fait un trou, et c'est pour cela que j'ai recouvert le trou avec un autocollant. »
En entendant que quelqu'un avait pris les choses en main à sa façon et avait empiré l'état de sa toile, ma belle-fille était bien étendu énervée. Mais elle fit l'effort de se contrôler et elle ne dit rien. Elle se contenta de lui demander de remettre l'autocollant et le cadre. Et elle rentra chez elle.
Evidemment, en rentrant chez elle, elle déversa sa frustration sur son mari : « Il va pourtant de soi que personne n'a le droit de corriger le travail d'un artiste ! Les artistes sont très protecteurs! On n'a pas le droit de faire des retouches sur un tableau achevé ! »
Mon fils regarda ma belle-fille et lui dit : « Je comprend maintenant ce que 'Hannah voulait dire, dans la prière qu'elle adressa à D. après la naissance de son fils Chmouël : "אין צור כאלוקינו – Il n'est de Rocher comme Hachem." 'Hazal comprennent le mot צור (littéralement "rocher", qui fait référence à Hachem) comme provenant de la racine tsayar (artiste), et interprètent donc ce passouk : "אין צייר כאלוקינו – Il n'est d'artiste comme Hachem." 'Hannah voulait dire qu'aucun être humain ne peut améliorer l'œuvre de Hachem. On ne peut pas rendre le monde que Hachem a prévu pour nous meilleur qu'il ne l'est. Hachem veut que nous grandissions au travers de nos difficultés, que nous surmontions nos épreuves et que nous nous aidions les uns les autres à surmonter les difficultés. Le travail artistique que Hachem a créé est magnifique ; il est impossible de le perfectionner. Nous n'avons rien d'autre à faire que d'apprendre à accepter ce que la vie nous propose et d'agir en fonction. »
Lorsque les choses ne fonctionnent pas comme on l'aurait souhaité, nous devons réaliser qu'il s'agit de la volonté de Hachem. Faisant également partie du monde de Hachem, les opportunités et les plans rencontrés ne fonctionnent pas toujours aussi facilement que nous l'aurions souhaité. Des obstacles nous obstrueront peut-être le chemin. Mais nous devons rester réalistes et savoir envisager un plan B. Si votre conjoint oublie d'allumer le four à 5h, et que, quand vous revenez à 6h, le repas n'est même pas en train de cuire, passez au plan B. Mettez le repas à cuire au micro-ondes. Les secousses que nous prenons et notre manière d'y faire face font partie de notre voyage dans ce Monde.
Nos sages ont formulé cette expression : "תחילתו קוצים וסופו מישור – Le début est parsemé de ronces, mais la fin se fait sur un terrain lisse" (Koheleth Rabbah 1, 35). Souvent dans la vie, une entreprise qui commence est chargée de difficulté et de douleur. C'est seulement qu’après que tout fonctionne bien et que tout soit réglé, que le chemin semble clair et dégagé. Ce n'est qu'à ce moment qu'on peut regarder en arrière, et comprendre rétroactivement ce qui semblait incohérent au début. C'est à cela que pensait David Hamélekh lorsqu'il affirmait : "רבות מחשבות בלב איש ועצת ה' היא תקום – L'homme peut avoir toutes sortes de projets, mais c'est l'avis de Hachem qui prévaudra". En définitive, c'est la volonté de Hachem qui sera faite. Nous pouvons imaginer toutes sortes de plans et de projets, mais le Projet de Hachem est au-dessus de tous. Cette idée est sous-entendue dans le dernier mot du passouk – תקום, qui forme l'acronyme de תחילתו קוצים וסופו מישור. Le plan mis en place par Hachem semble parfois ardu au début, et ne procure de l'agrément qu'à la fin. Cependant, nous devons rester ferme dans notre foi et être conscient que Hachem ne nous abandonnera jamais.
Je me rappelle avoir lu ce qu’une femme avait dit à des parents d'enfants handicapés. Elle leur a raconté l'histoire suivante :
« Mon mari et moi attendions avec impatience de partir en vacances. Nous nous étions organisés depuis quelques mois déjà, et nous étions préparés à aller en Italie. Nous avions acheté des cartes et des guides touristiques, et nous avions même appris des rudiments d'italien. Nous préparions ce qui devait être des vacances de rêve, et nous étions très enthousiastes. Le jour J arriva enfin.
Après l'embarquement, nous nous installâmes confortablement dans nos sièges. Le vol lui-même se déroula sans incident particulier, mais l'atterrissage ne se passa pas comme prévu. Le steward prit le microphone et annonça : "Mesdames et messieurs, bienvenue en Hollande." Nous nous sommes regardés : il y avait sûrement une erreur quelque part. "En Hollande ? Nous n'avions pas prévu d'aller en Hollande. Nous allons en Italie !" J'appelai un membre de l'équipage, et je lui dis : "Je pense qu'il y a eu une erreur. Nous devions atterrir en Italie, pas en Hollande." Le steward me regarda et me dit : "Madame, je suis désolé, mais il y a eu un changement dans l'organisation. Nous avons atterri en Hollande, et c'est là que vous séjournerez." »
La dame qui racontait l'histoire poursuivit : « J'ai fait l'expérience d'un voyage pareil mais dans la vraie vie. J'ai porté mon bébé en moi pendant neuf mois, et j'étais tellement heureuse le jour de sa naissance. Mais le docteur est entré dans la pièce et m'a annoncé : "Votre fils est handicapé." Je lui ai répondu : "Non, non, vous ne comprenez pas. Cet enfant est celui avec qui je vais profiter de la vie, qui grandira avec moi, nous voyagerons ensemble, nous apprendrons la vie ensemble, et j'aurai du na'hath de lui. Je pense que vous faites erreur." Le docteur répondit : "Madame, tout ne s'est pas déroulé comme prévu. Cet enfant est bien le vôtre, mais il est handicapé. "
Quand mon mari et moi avons appris que nous avions atterri en Hollande, nous avons pris nos cartes, nos guides touristiques et l'italien que nous avions appris, et avons mis tout cela de côté. Mais savez-vous quoi ? La Hollande a aussi de bons côtés. Il y avait partout de très belles tulipes, les canaux étaient enchanteurs, le temps était splendide, les hollandais étaient charmants, et l'air était rafraichissant. Après tout, ce n'était pas si mal la Hollande. »
La femme conclut son discours : « Ces enfants sont nos enfants. Mais savez-vous quoi ? Mon enfant avec tous ses handicaps est devenu l'enfant dont je suis fière. Je grandis avec lui, je prends plaisir à l'élever, j'apprends la vie avec lui et j'ai du na'hath de lui. »
Vivre, c'est apprendre à être capable d'avoir la force de passer au plan B, et de voir plus loin que ce qui est face à nous. Nous voudrions tous que les défis que Hachem a prévus pour nous dans la vie soient mineurs, mais dans la réalité, ils seront parfois majeurs. Cependant, en dépit de notre désolation et avec l'aide d'Hachem, nous avons en nous la force de voir les difficultés en face, de les surmonter, et de grandir au travers de ces épreuves.
De la même manière que Moché Rabbénou a dû briser les premières Lou'hoth, et en a par la suite confectionné des secondes, nous devons être capables parfois de procéder de cette manière dans la vie. Quand nos projets ne fonctionnent pas comme prévu du premier coup et que nous sommes face à une situation troublante, nous devons passer au plan B. Au lieu d’être retardé et freiné par nos expériences, il serait sage de notre part de prévoir un nouveau plan et de ne regarder que vers l'avant pour construire un avenir meilleur et plus fort.
Un petit message de
Mme 'Hevi Garfinkel
Je me rappelle avoir une fois demandé à une jeune fille qui assiste régulièrement à mes cours : « Vous ne pensez pas que je me répète souvent ?
- Si, tout le temps, répondit-elle.
- Alors dans ce cas, pourquoi venez-vous aussi souvent ? »
Je n'oublierai jamais sa réponse magnifique : « Je ne viens pas pour entendre des enseignements nouveaux, je viens pour entendre des enseignements vrais ! »
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